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Les bactéries intestinales nous feraient manger ce qui les arrangent

La flore intestinale influencerait nos humeurs et nos choix alimentaires, pas forcément en bien... Une conséquence de l'évolution.

Pourquoi c'est important

La flore intestinale est un écosystème microbien qui compte 10 fois plus de cellules que le corps humain entier. Elle joue des rôles majeurs dans la digestion et l’immunité. De plus en plus de travaux suggèrent aussi un lien entre la flore intestinale et l’humeur. Le déséquilibre de cet écosystème microbien est mis en cause désormais dans de nombreuses maladies, et notamment l'obésité.  En effet, d’après une revue de littérature parue dans BioEssays, les bactéries du microbiote influenceraient nos envies alimentaires et nos humeurs, quitte à nous rendre obèses… Une étude confirmée par la suite chez les animaux.


Les études

Des chercheurs de plusieurs universités américaines ont mené une revue de littérature sur l’influence de la flore intestinale dans le comportement alimentaire. Les micro-organismes du tube gastro-intestinal subissent une pression de sélection importante, d’où l’intérêt pour eux de pouvoir manipuler le comportement alimentaire de leur hôte en leur faveur. Ils pourraient utiliser deux stratégies pour atteindre cet objectif : susciter des envies irrésistibles pour des aliments qui favorisent leur croissance ou qui suppriment leurs concurrents, ou bien provoquer des sentiments déplaisants jusqu’à ce que l’hôte mange les aliments qui leur conviennent.


D’après les auteurs, les micro-organismes intestinaux pourraient tout à fait nous pousser à manger les aliments qui les arrangent, même si cela peut avoir un effet négatif sur la santé de l’hôte. Pour cela, ils libéreraient des molécules de signalisation dans le tube digestif. Comme l’intestin est relié aux systèmes immunitaire, endocrinien et nerveux, ces signaux influenceraient nos réponses physiologiques et nos comportements.


Pour Athena Aktipis, un des auteurs, cela se ferait par l’intermédiaire du nerf vague qui permet la communication entre l’intestin et le cerveau : « Les micro-organismes ont la capacité de manipuler le comportement et l’humeur en altérant les signaux neuronaux dans le nerf vague, en changeant les récepteurs du goût, en produisant des toxines qui nous font nous sentir mal, et en libérant des récompenses chimiques pour nous faire sentir bien. »


Une autre étude, publiée en 2018 par des chercheuses de l'université d'Athènes confirme le rôle du microbiote dans la régulation de la communication entre l'intestin et le cerveau et du comportement alimentaire. Les scientifiques ont constaté que les lipopolysaccharides (LPS) produits en excès par un microbiote intestinal déséquilibré (en dysbiose), entraîne une hyperperméabilité intestinale et le passage des LPS dans le sang. Or, chez les rongeurs, une augmentation des LPS dans le sang induit une hyperphagie (une consommation excessive d'aliments). Là encore les scientifiques notent un lien entre déséquilibre du microbiote et mauvais signal de satiété envoyé par le nerf vague (dont les voies sont endommagées par l'excès de LPS). 


En pratique

SI les bactéries intestinales nous poussent à manger mal ou trop lorsque leur écosystème n'est pas équilibré, il est possible de résister à leur action, tout simplement en changeant délibérément notre alimentation, car un changement alimentaire peut affecter rapidement la composition du microbiote. Et rééquilibrer le microbiote avec un programme nutritionnel spécifique permet au passage de perdre les kilos superflus sans stress, sans frustration, et durablement.

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